Des battements d'ailes vifs, des roucoulements apeurés s'éparpillent dans le firmament. Je regardes mes colombes s'éclipser jusqu'à ce qu'elles ne soient plus que des points.
On m'a appelé…
Est-ce un écho de mon imagination ? Une voix sortie de mes songes ?
Je remets ma tête droite et pivote légèrement mon corps en arrière.
Mon sang palpite dans mes veines.
Une vague de surprise agite l’océan de mes yeux : c..c.. c’est elle !
Je me retourne complètement, et, bouche bée la contemple de bas en haut jusqu’à tomber dans les joyaux de couleurs prunes de son regard.
Mes mains deviennent moites, s’agrippent sur mes vêtements de voyage.
Des sensations m’envahissent, un courant d’émotion m’emporte, je me laisse m’enfoncer dans les portes de l’âme de celle qui m’est chère.
Je me souviens…
D’une foule… non, d’un rassemblement… non, d’un mouvement… non, d’un geste venant du cœur, une union d’amour et de paix. Ma première réunion en tant que Soigneuse, mes premiers pas dans ce monde, mes retrouvailles avec les Bazariens.
D’un ange qui est venu m’accoster pour raison diplomatique, mon premier contact avec la Dream White.
D’une l’orée, bercée par la Grâce, une grotte cachée, le Val !
D’un apaisement trouvé, une voie qui se trace, des liens qui se tissent.
De mes escapades avec les membres, notre symbole que nous portons avec honneur, des mariages… et puis elle qui était presque toujours là avec moi, dans ses rares moments.
De mon acceptation au Big Bazar, de sourires retrouvés, des Grands qui prennent soin de moi…
De mes allées et venues dans la cave dans la taverne de la Dream White.
De bras protecteurs qui s’enroulent autour de moi, de doux mots chuchotés au creux de mes oreilles perturbées, une promesse de veiller sur moi, un don d’un amour maternel, de faire parti de son cœur, de sa famille.
De nos rencontres de plus en plus fréquentes, d’une feuille qui se balance devant mes pupilles intrigués, d’une orchidée qui excite ma curiosité, d’un papillon qui m’entraîne à nouveau dans cette auberge.
Je descends les marches de la cave et referme au dessus de moi la trappe d’un claquement sec.
Je reprends mes esprits, fixe toujours la mage.
Ma bouche se forme et se déforme essayant de sortir un mot, rien qu’un seul.
Je recommence, une grimace de concentration apparaît faisant naître au creux de mes lèvres un murmure.
Mmm… mmmm.. maman …
Je contemple son beau visage serein. Des larmes de mélancolie glissent le long de ma joue.